8 Aout 2018 23h19
Soutien Quizz.biz, Admin des groupes, Super Premium
|
Je suis tout-à-fait d'accord avec vous. Je trouve vraiment triste que la France n'accorde pas le même régime de "faveur" au niveau des hommages pour des pays africains par exemple, dans lesquels les attentats sont quasi-quotidiens que pour des pays d'Europe de l'Ouest. Cependant, nous avons pu remarquer que tous les pays du monde n'éteignent pas leurs monuments nationaux lorsque la France est victime d'un attentat terroriste, mais que seuls les États les plus près de l'État subissant le terrorisme lui rendent hommage. Il est vrai qu'il serait bien plus normal de rendre hommage à tous les massacres de l'État islamique d'une manière égale... C'est un autre débat, mais c'est le cas pour tous les sujets, la France n'amène pas ses citoyens à s'ouvrir au monde et ne rend pas hommage à tous les États, pourquoi a-t-on l'affaire de ce garde du corps aux infos depuis un mois alors que tant de massacres et de guerres bien plus inquiétants se déroulent ? Que nous avons tant de choses à faire pour faciliter l'accueil des migrants et leur intégration par exemple ? N'y a-t-il que donc ce garde du corps dans le monde ??
Pour revenir à ta question, j'ai également des souvenirs des attentats les plus proches...
- pour celui de Charlie Hebdo en 2015, je me trouvais dans le train me ramenant du lycée, après trois heures de TP, un mercredi midi, lorsque les voyageurs ont commencé à devenir réellement silencieux... Il n'y a pas vraiment eu d'échange bruyant entre eux, mais tous étaient en train d'apprendre au fur et à mesure ce qu'il se passait, je ressentais leur peur et leur colère. C'était le tout premier attentat que je vivais réellement donc je ne savais pas du tout ce qui se produisait... Arrivée à la maison, ma mère m'a directement amenée devant la télévision et j'y ai appris la barbarie qui habite certains d'entre nous... Le lendemain, à cause de soucis de santé, j'étais à l'hôpital, et je me rappelle qu'à 12h, heure de la minute de silence, j'étais sur le parking des ambulances avec mon père. Une sonnerie a retenti et le monde s'est totalement arrêté pendant une minute... C'était très fort, et sincèrement, ça avait l'air tellement énorme du haut de mes 14 ans à l'époque que j'étais convaincue que jamais plus ne se reproduirait quelque chose de ce style en France.
- pour le 13/11, les attentats du Bataclan, je me rappelle à vie qu'ils se sont déroulés un vendredi soir. J'habite en région parisienne, et ma mère travaille au Havre, au nord de la France. Toutes les semaines, elle y passe quelques jours et enchaîne quatre heures de train rien que pour y aller... Ce treize novembre, je me rappelle être dans mon lit, sur QB, et aller par hasard sur Yahoo. J'y ai lu qu'il y avait un attentat en cours à Paris... J'ai sauté de mon lit et suis descendue tout de suite dans le salon. Mon père essayait désespérément de joindre ma mère qui était sur le chemin du retour, sachant qu'à cette heure-ci elle devait être en plein Paris, non loin des attentats, dans le métro... J'ai été priée d'aller rassurer mes sœurs et ai attendu peut-être une bonne heure avant d'avoir des nouvelles de ma mère... Puis mes amis m'ont demandé d'écrire que je suis en sécurité sur ce système de sécurité Facebook mis en place à ce moment-là, j'avais une notification exprès dessus... Après cela, nous avons tous les trois regardé la télévision toute la nuit sur ces attentats qui paraissaient déments et qui pour la première fois en France je crois, ciblaient la jeunesse dans des lieux où je peux me trouver moi-même, et c'est là que j'ai commencé à me sentir moi-même menacée. Depuis, dès que je suis dans un lieu fréquenté, j'ai peur... Le 16 novembre, retour dans mon nouveau lycée dans une ambiance lourde, il avait été précisé de tous s'habiller en noir, qu'il y aurait une minute de silence... Ça a été très lourd toute la journée, mais je me souviens particulièrement de mon dernier cours qui était un cours d'anglais : ma professeure débutait, c'était une jeune rouquine vraiment adorable, toujours légère et avec le sourire. En avance, je l'attendais avec une amie pour entrer dans la classe, je l'ai vue arrivée en proie à une vraie crise de larmes, elle nous a expliqué qu'elle avait perdu un parent dans les attentats... Ça a été très difficile pour nous tous de nous relever après ça. Nous habitons tous près de Paris, nous fréquentons tous de grands lieux touristiques, les grandes gares parisiennes St Lazare/La Défense/Paris Montparnasse sont nos maisons secondaires, nous avions entre 15 et 18 ans et nous ne pensions qu'à une chose pendant des jours, des semaines, des mois... La mort qui nous guettait peut-être dans la terrasse d'un café ou simplement devant le lycée demain matin.
Notre professeur d'histoire nous avait distribué des papiers et nous avait demandé d'écrire notre ressenti face à ces attentats si près de chez nous. Je me souviens lui avoir demandé pourquoi, inlassablement pourquoi, presque en larmes... Je n'ai perdu personne dans ces attentats, mais ça s'est joué à rien et depuis, je suis assez hystérique dans des lieux publics. Je suis très tendue dans des grandes gares parisiennes, de grands lieux touristiques même pas forcément en France... Et c'est dans cette peur permanente de la mort que nous allons tous évoluer désormais.
- j'ai eu une approche différente de l'attentat de Nice : chaque été, je pars dans des camps d'été, des camps internationaux qui sont en Angleterre et permettent entre autres de perfectionner son anglais. Ce qu'il faut savoir, c'est que vivre là-bas est vivre dans un cocon. Vous êtes avec vos amis venant du monde entier, vous appelez parfois vos parents mais vous avez tellement de cours, d'activités, vous voulez tellement optimiser votre temps libre avec vos nouveaux potes que vous n'êtes plus relié au monde réel. Le 15 juillet, un Belge m'a dit au déjeuner "tu as vu qu'il y a eu des attentats ?", je n'ai rien compris et dès que j'ai pu je suis allée en salle informatique pour aller jeter un œil, et j'ai lu l'étendue du désastre... Pour le coup, Nice est loin de chez moi, je n'y suis jamais allée mais c'était encore un coup réussi de ces fous, le jour de notre fête nationale, encore un symbole bafoué. L'après-midi, dans la salle où nous nous retrouvions tous, le directeur du centre a dit : "who is French here ? French people, raise your hand please". Nous avons été cinq ou six à lever la main, puis il a déclaré... "Yesterday there was a terrible terrorist attack in France, in the city of Nice. Another sign of violence by the terrorists, all over the world, you all had one terrorist attack in your own country, but how can we stop that ? You have to meet a lot of people, lots of cultures, learn some languages, you need to travel, to understand our world, together, to make the world great one day. We can't stop it alone but we have a chance together. If you have the choice and you always have it, please choose the way of the peace even if it seems more difficult, you'll save a lot of people from the darkness. Stand up now, give your hands to your neighbors and stay in silence during one minute please. Today it's not only for France, for Nice and all the victims. It's also for all the victims of terrorism all over the world."
Je n'ai pas vécu les attentats du 11 septembre, mais ma mère a vécu un attentat terroriste à la bombe dans le métro, autour de 2001 je pense, elle a pris le métro qui était juste avant celui qui a explosé...
Quant aux guerres, ma grand-mère a vécu la Seconde Guerre mondiale. Elle a grandi à Paris, dans la zone occupée par ceux qu'elle continue à appeler les Boches, après chaque repas elle dit "voilà, encore un que les Boches n'auront pas", phrase très utilisée à l'époque... Inutile de préciser que même maintenant elle n'aime pas les Allemands Elle se rappelle des tickets de rationnement, mais essentiellement les sonneries qui retentissaient dans son école élémentaire à longueur de journée, laissant supposer l'arrivée d'éventuels bombardements à Paris, elle se souvient être descendue avec tous les petits dans la cave de l'école. Pendant ces alarmes, les maîtresses d'école leur apprenaient de petites chansons pour les rassurer, car mine de rien ils comprenaient ce qui se passait, et ma grand-mère me chante ces chansons dès qu'elle le peut même maintenant écoute "Ne pleure pas Jeannette" par exemple
Je suis également passionnée par l'histoire et particulièrement par la Seconde Guerre mondiale donc je demande souvent à ma grand-mère ce dont elle se souvient, je n'ai pas tout en tête actuellement, mais elle se souvient également extrêmement bien de la libération de Paris. Elle se rappelle des drapeaux français et surtout des chars alliés circulant dans Paris. Elle a une photo d'elle petite sur un char !!
Elle se souvient aussi que les soldats alliés jetaient aux enfants parisiens affamés par le système nazi des chewing-gums par centaines. Elle en a reçu un et c'était la première fois qu'elle testait le chewing-gum...
C'est incroyable.
|