10 Mai 2019 21h18
Soutien Quizz.biz, Admin des groupes, Membre Premium
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Bonjour à tous,
J'ai donc pu assister à la conférence de Lili Leignel, une femme incroyable qui nous conte telle une histoire son témoignage de déportée de camp.
Je trouve nécessaire de vous partager son récit pour que son histoire se sache de tous, c'est un devoir de mémoire que nous nous devons tous de faire.
Je m'excuse à l'avance pour les fautes dans les noms propres, notamment ceux en allemands que je n'ai pas tous réécrits. (et les fautes d'orthographes ! )
En voici alors le témoignage :
Lili Leignel est l’aînée d'une famille de trois enfants, elle a deux autres frères, Robert et André.
Au moment de son arrestation à Roubaix par les allemands, elle avait 11 ans, Robert 9 ans et demi et André 3 ans et demi. Avant cela, la famille devait porter l'étoile juive, ainsi Lili et ses frères étaient privés et dépourvus d'une enfance convenable car tout leur était interdit, même les parcs de jeux.
Un jour, un curé de la paroisse Saint-Antoine a proposé de les cacher dans sa famille, ce qui est un acte d'une extrême générosité car très risqué. Cependant, les allemands ont un quelques jours après débarqués chez eux, on suppose que la famille a été dénoncée.
C'est alors que le 27 octobre 1943, Lili et sa famille se sont fait arrêtés à 3 heures du matin, le jour de l'anniversaire de la maman de Lili. Les allemands hurlaient dans leur langue "Dépêchez-vous !" et Lili se remémore avec émotion son petit-frère André qui a prit le temps d'aller chercher son petit canard à roulettes en bois qu'il a mit sous son bras, désormais prêt à partir.
La famille a alors été emmenée dans un camion militaire à la prison de Loos près de Lille. C'est ici que le père de Lili a été séparé du reste de la famille . Quelques jours après, la famille a été envoyée à la prison saint-Gilles à Bruxelles pour ensuite aller au camp de rassemblement de Malines.
Lili nous a alors raconté que les SS étaient très durs et méchants, ils donnaient des coups de fouets à n'importe qui et les gens étaient dans le froid dehors. Un des SS était même surnommé en allemand "tête de cheval".
Ensuite, on a fait rassembler tout le monde sur la place du camp, les prisonniers sont rentrés dans une énorme pièce et un SS a demandé à tout le monde de se mettre nu. Lili nous a raconté que c'était une humiliation terrible pour eux et les autres qui étaient très pudiques. Suite à ça, les SS leur ont demandés d'écarter les jambes et se pencher pour regarder à l'aide d'une lampe torche s'ils n'avaient pas cachés d'objets dans leurs orifices.
Après cette épreuve, ils étaient tous conduits dans une gare pour les faire monter dans des wagons à bestiaux, ils étaient plus de 100 à être agglomérés dans ces wagons dépourvus d'eau et de nourriture, ils ont passé 4 à 5 jours sans s'alimenter et s'abreuver. Les besoins étaient fait devant tout le monde. Une fois arrivés, on les douchait rapidement, puis on les rasait, on leur donnait leurs vêtements rayés gris et bleu et on leur attribuait leur numéro de matricule. Celui de Lili était le numéro 25612, qu'elle nous a dit en français et en allemand, car ils devaient l'apprendre et le retenir pour l'appel sous peine de coups de fouets violents.
Ils étaient donc arrivés à Ravensbrück, camp pour femmes, seul ses petits-frères étaient avec elle et sa maman car les enfants n'étaient pas séparés de leur mère en général. Au début, ils étaient placés en quarantaine. Ensuite, on les emmenaient dans des blocs, avec des étrangers de toutes nationalités, elle, était dans le bloc 31. Lili, sa mère et ses frères dormaient en bas des couchettes, sur la couchette du haut il y avait Marta desrumeau, très célèbre figure résistante et Jeanne Tétard. Ensuite, la troisième couchette, il y avait la vicomtesse Jacqueline d'Allaincourt et Geneviève De Gaulle, la nièce du général de Gaulle. Comme quoi, dans les camps les classes ne comptent plus, tout le monde est réduit au même stade.
Lili nous a raconté que tous les jours, la sonnerie sonnaient à 3 heures et demie du matin, ensuite ils allaient dans une grande salle en pierre avec 20 tuyaux d'où coulait un mince filet d'eau froide, chaque jour c'était la bousculade pour y accéder. Ce pourquoi, la maman de Lili levait toujours les enfants une demie heure avant tout le monde pour faire la toilette aux enfants car elle disait : "Il ne faut pas courber la tête, redressons-nous, soyons dignes". Se laver était leur acte de résistance.
Ils avaient pour manger un jus immonde et un quignon de pain. Venait ensuite l'interminable appel, ils devaient tous se tenir debout dans le froid sans bouger jusqu'à la fin de l'appel, chaque jour le nombre était différent en raison des malades et des morts et les déportés devaient rester en ligne tant que les SS n'avaient pas trouvé la raison des absences. Certaines femmes se frappaient et se pinçaient les joues pour leur donner de la couleur. En effet, les femmes mal en point étaient emmenées, et on ne les revoyait plus jamais.
Suite à cet appel, les femmes partaient au travail dans le froid avec leur chemise ou robe rayée dans un froid de -10, -20, ou -30 degrés, à construire des routes, creuser des fosses, vides les fosses d'aisance ...
La maman de Lili avait très peur lorsqu'elle travaillait car parfois les nazis rentraient dans les blocs pour enlever des enfants car c'était des bouches inutiles.
Le seul jeu que les enfants avaient était de se tuer les poux mutuellement.
Lorsque l'on était malade, on pouvait partir au "revir"
Le petit André y a été pour une tumeur dans l'aine, il devait se faire opérer mais fuyait toujours de peur de rester seul, sa maman le ramenait toujours au "revir", la mort dans l'âme. Robert y est allé pour des boutons et furoncles en haut du crâne dus aux poux notamment et Lili pour une dysenterie.
Lili est restée dans ce camp de décembre 1943 à début février 1945 et ils crevaient tous de faim. Ils se bagarraient tous pour être servis en dernier car les restes de rutabaga se trouvaient en bas du bidon de soupe, les premiers n'avaient que de l'eau. Et lorsque les bidons instables flanchaient et se déversaient sur le sol, les prisonniers se mettaient pas terre et lapaient le sol.
La terreur pour les enfants étaient d'autant plus grande que des chiens entraînés pour attaquer étaient dans le camp avec les SS.
En ce qui concerne les femmes arrivées enceintes dans le camp et qui y accouchaient, les nourrissons étaient tout de suite pris par les nazis qui les tuaient en les noyant dans le l'eau glacée et s'amuser à chronométrer le temps qu'ils mettaient pour passer de vie à trépas.
Lili et sa famille se sont fait de nouveau déporter dans un camion à bestiaux pendant 2 à 3 jours. Les binettes à excréments se renversaient dans le wagon, les visages se cognaient sur les cadenas métalliques et les survivants rampaient sur les cadavres. En arrivant à leur destination finale, l'odeur était terrible, ils sont arrivés dans un bloc parsemé de cadavres.
Ils étaient dans le camp de la mort lente, Bergen-Belsen où une épidémie de typhus se répandait. Dans ce camp, Lili a croisée Anne et Margot Frank.
Les nazis brûlaient avec de l'essence les individus morts du typhus, d'où l'odeur à l'entrée du camp. À Bergen-Bulsen, les déportés mangeaient encore moins qu'à Ravensbrück. Lili et ses frères se sont aperçus que leur mère gisait sur le sol et ne répondait plus lorsqu'on lui parlait, elle qui était si digne à Ravensbrück.
Un certain 15 avril 1945, les anglais sont venus libérer le camp, ils distribuaient de la nourriture aux déportés. Mais Lili et ses frères ne mangeaient plus car ils en avaient perdus l'habitude alors que d'autres se jetaient sur la nourriture, ce qui les a fait mourir plus rapidement que ceux qui mangeaient petit à petit de petites portions. Le pain non consommé leur servait alors d'oreiller.
Dans le camp, il y avait trois types de typhus, le typhus qui donnait des boutons sanguinolents, le typhus du ventre qui ne donne plus la force de se lever et de ses besoins, et le typhus de la tête qui fait perdre l'esprit, et l'on gît sur le sol.
La mère des enfants avait donc le typhus de la tête, elle a été emmenée au "revir".
Les anglais ont commencés leur travail de rapatriement en plaçant les détenus par nationalités. Robert et Lili se sont fait un ballot de nourriture pour partir mais André était gonflé de partout et ne pouvait plus marcher. Alors, sur le chemin du retour, ils ont dus abandonner leur ballot de nourriture pour porter André car ils étaient à bout de force.
Après cela, ils sont retournés dans des wagons à bestiaux tous les trois et retournés en France tout en faisant des arrêts dans des camps désaffectés pour se reposer et manger.
Arrivés à Paris, les enfants et les autres détenus étaient tous emmenés à l'hôtel Lutecia où les familles attendaient leur déporté avec une photo agrandie d'eux, les retrouvailles étaient des moments exceptionnels. Cependant, personne n'était là pour Lili et ses frères.
Je vous raconte la suite dans un autre message pour ne pas que ça fasse trop long à lire.
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