21 Mai 2020 21h03
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Et il faut bien comprendre aussi que, derrière ces conflits territoriaux, il y a de nombreuses plaies du passé et des alliances entre co-religionnaires.
Dans son avancée vers l'ouest, l'Empire Ottoman a pris possession de territoires historiques grecs, tels la Crète et la Macédoine (Macédoine à laquelle les grecs tiennent énormément car elle est la patrie du plus grand Roi qu'ils aient jamais eu en la personne d'Alexandre le Grand, d'où le fameux conflit de nom avec l'ex-république yougoslave). Ils ont aussi conquis la Yougoslavie, traditionnellement orthodoxe, comme la Grèce. Certains yougoslaves se sont alors converti à l'Islam, la religion de l'ennemi ottoman, et d'autres ont résisté pour rester orthodoxes, considérant les premiers comme des traîtres. Les turcs sont partis après la 1e guerre mondiale, mais l'Islam est resté en Yougoslavie, avec l'orthodoxie (et le catholicisme aussi). Ce conflit de 3 religions fut l'une des causes de la guerre de Yougoslavie durant les années 1990 et, dans le cadre des accords de paix, il fut prévu d'accorder un territoire à ces yougoslaves islamisés par les turcs, à ces "traîtres" comme les orthodoxes serbes les voient. C'est la Bosnie-Herzégovine. Ce fut inadmissible pour les orthodoxes, d'où le génocide des Bosniaques à Srebrenica (j'ai visité le cimetière bosniaque et le hangar où se faisaient les massacres avec un guide local rescapé et je te prie de croire que ça prend aux tripes, c'est l'horreur humaine dans sa plus simple expression). En tant que frères de religion des serbes, la Grèce a laissé faire, ce qui envenime aussi les relations avec les turcs, frères de religion des bosniaques. Tout cela n'a qu'un lien indirect avec la Grèce et la Turquie, mais fait que toute réconciliation diplomatique et tout règlement du cas chypriote par cette voie paraît illusoire.
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