12 Nov. 2010 0h27
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Le corbeau et le renard. Surtout pour ses à-côtés. Par exemple la mythologie scolaire qui veut que dans 99% des cas, les écoliers choisissent d'illustrer ce poème par un corbeau tenant en son bec un camembert, ou un fromage de forme circulaire plus ou moins identifiable à un camembert, selon les qualités artistiques des illustrateurs en herbe. Roquefort ou Kiri sont nettement plus rares. Si vous êtes en train de vous creuser les méninges sur ce dilemme idiot tel une ménagère lambda hésitant entre le brie et le comté (réduction de 30 centimes sur le comté, mais les produits Lidl sont-ils bons pour la santé?) , excusez-moi l'expression, mais c'est que vous êtes un parfait niais. Avez-vous déjà vu un corbeau manger du fromage? Avouez que ce n'est pas dans les habitudes alimentaires de l'animal. Si c'est juste pour faire la rime avec plumage, franchement, quelle piètre image de la poésie celà donne! Michaël Youn aurait pu la trouver tout seul. Il aurait peut-être eu quelques difficultés pour trouver la suivante, "ramage', mais qui nous dit que la Fontaine lui-même ne s'est pas arraché les cheveux une semaine entière (sans pause récré) sur sa fable... Bon, j'en déduis qu'il y a dans le choix du fromage quelque but caché, quelque énigme fondamentale, dont la résolution nous dévoilera certainement tous les secrets de l'univers, mais ne spéculons pas dans le vide...
Cette fable (et son étude dès le CE1) m'intrigue également pour l'édification morale qu'elle apporte. Que nous apprend la fable? Qu'un lèche-botte hypocrite à toutes les chances de bien s'en tirer dans la vie (apprenez que tout flatteur vit au dépends de..., vous connaissez). Et que par conséquent, il faut se méfier de ceux qui nous flattent (le corbeau, honteux et confus, jura, et caetera, tient ça rime ). S'est-on déjà honnêtement demandé l'impact que pouvait avoir une telle histoire sur l'élève appliqué qui retient cette fable et s'imprègne de la morale? Le pauvre chéri risque de sombrer dans une sombre paranoïa et sera immanquablement sujets à de sourdes angoisses la prochaine fois que la maitresse lui annoncera qu'elle est très contente de son dernier exercice sur les multiplications. (Du genre "Elle veut me chourave la carte pikachu que j'ai mis 6 mois à dégotter ou elle m'a déjà pécho mon goûter?")
Bien, je continuerai bien là dessus quelques heures encore, le temps que je m'aperçoive du ridicule de la chose, mais je risque de me retrouver déconnecter avant... je conclurais donc en appelant l'avis des autres membres sur ces graves questions, qui me hantent depuis ce passage au tableau par une chouette matinée d'octobre, classe de CM1... (Des gestes pour rendre le poème vivant... tu parles, je récite comment en faisant semblant de le tenir dans ma bouche, ce cam... heu ce fromage)
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