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Modérateurs :     Alex    Darktowerfanatic    Jeffcoop   

Nouveau sujet
29 Avril 2011 16h55
Soutien Quizz.biz, Super Premium, Modérateur
Synapse58
70 ans,
1534 quizz   15 sujets

Inscrit il y a 15 ans
22646 msgs
   Just do it !

 
 
28 Mai 2011 1h19
Parici
67 ans,
   

Inscrit il y a 13 ans
2 msgs
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[b][i]Apostrophe aux contemporains de ma mort[/i][/b]
I.S.B.N.: 978-2-87459-513-4
(Troisième partie, pages 175 à 181.)
[url=https://www.authonomy.com/books/31766/apostrophe-aux-contemporains-de-ma-mort/read-book/]Lire d’autres extraits[/url]
————————————————

Un gros bouquet de fleurs rouges, d'un rouge profond et sombre, girandole de pelotes chiffonnées serrée dans un vase pansu, remplissait d'un parfum suave, non pas fort mais doucereux, obstiné, de ceux qui s'attachent à vous et qu'on sentira sur vous ailleurs, cette petite pièce nue où tout était d'un blanc parfaitement lisse, tellement que les murs jouaient de reflets brillants. Ce vase était posé sur une petite table roulante de malade, du modèle dont le piétement métallique n'a de montants que d'un côté afin qu'elle soit amenée devant un alité adossé à un oreiller. Ce vase était le seul objet qui restât dans la chambre, vers l'heure de midi, après que mon père y fut mort dans la nuit. Les fleurs se défraîchissaient. Au pourtour du bouquet, quelques lourdes corolles accablant leurs tiges veules baissaient la tête vers la table, sur laquelle des pétales étaient tombés. Je n'avais pas remarqué, les jours précédents, que le parfum fût aussi sensible, mais il y avait les odeurs de pharmacie. Et sans doute les fleurs se pâmaient-elles moins. La veille et l'avant-veille, personne n'eût osé s'occuper de ce bouquet, dont l'éclaboussement de sang, seule refuge de l'œil dans cette blancheur impersonnelle et nosocomiale, semblait une recherche d'esthétisme tragique. D'une main, je balayai le dessus de la table autour du vase, ramenant dans la paume de l'autre main les pétales détachés. N'ayant pas où les jeter, je les fourrai dans ma poche.

C'est au premier étage qu'était cette chambre. La seule fenêtre donnait sur un petit jardin de roses, fermé au public par une grille basse. Comme si l'on avait eu souci d'écarter le passage des vivants. À l'intérieur du bâtiment, la porte ouvrait au bout d'un long couloir. Comme pour en épargner l'approche aux gens qui n'avaient rien à y faire. Dans la chambre, la fenêtre, établie au fond d'un ébrasement épais, haute d'enseuillement au point qu'on ne saisissait l'espagnolette que le bras en l'air, avait ses vitres dépolies jusqu'au-dessus de nos têtes. Pourtant, le seul vis-à-vis, un autre édifice de l'hôpital, se trouvait à bonne distance. L'habitant de ce réduit, debout, pouvait seulement porter les yeux dans le feuillage des grands arbres qui bordaient l'allée, jeter la vue vers des toits, ou arrêter un regard lointain sur les petites fenêtres aux derniers étages du bâtiment d'en face, derrière les carreaux dépolis desquelles, à la nuit, on apercevait parfois des silhouettes floues. Couché, il ne pouvait plus rien contempler que le ciel.

Au début de l'après-midi, le soleil donnait par la fenêtre. Alors, l'intersection du faux meneau et des deux croisillons projetait sur le lit mécanique, et sur mon père y gisant qui ne se relèverait plus, l'ombre grise d'une grande croix déjetée, comme on en voit brochées à plein lé sur les draps mortuaires des chevaliers du Moyen Âge.

Le soin qu'on avait apporté à estomper le spectacle et le murmure de la vie faisait de cette petite pièce ripolinée une écluse vers le néant. Un cri d'enfant y ouvrait un abîme. Les bruits du dehors n'étaient jamais forts ; quelquefois cependant, pour ne pas continuer d'entendre des voix joyeuses ou futiles, on refermait la fenêtre qu'on avait entr'ouverte.

La chambre d'un mourant n'est sonore que des conversations insignifiantes qui le bercent dans le Léthé chimique des médecins et soulagent les familles. Pour celui qui va s'éteindre, les réalités du présent, au-delà des quatre murs qui isolent le lit de mort, sont révolues. S'il a l'âme forte, il arrive qu'il s'en enquière. C'est pure amabilité ; c'est pour s'agripper au monde par les usages du monde. Évoquer ces réalités devant lui, c'est lui confirmer que le terme est accompli, c'est lui signifier sa mort, dont on cherche à feindre qu'il peut se distraire. Le relèvement d'un oreiller, le change du pansement qui maintient la piqûre intraveineuse d'un goutte-à-goutte, l'adoucissement d'un éclairage, sont la grande affaire et les seules attributions libres aux veilleurs d'agonie, desquels la Mort préside sous main la funeste assemblée. Que celui qui va passer, désemparé de n'obtenir que des alibiforains comme réponses à ses demandes - et qui en perdra pied, qu'on le sache! -, en vienne à seulement faire observer que le temps est au beau, ce n'est qu'avec gêne et tortillage qu'on est amené à lui céder du bout des lèvres que, quelque part ailleurs, dehors, dans l'univers qui lui défaille, où ceux qui vivent avec les vivants s'en donnent à cœur joie, sur les étendues qui se refusent, illimitées d'espace et comblées de lumière, c'est-à-dire partout, il fait grand soleil, on ne peut le nier.
Aux ultimes nuits d'hôpital, à l'orée desquelles j'étais de ces visiteurs à qui les infirmières muettes portent une couverture et du café à l'heure où elles reconduisent malgracieusement tous les autres vers la sortie, qu'avais-je à dire à mon père ? Ce qu'il avait à me dire, lui, je ne l'ai jamais su, car il ne m'a rien dit. Ce que j'avais à lui dire, il ne l'a jamais su, car je ne le savais pas moi-même, je ne voulais pas en rappeler ma mémoire. Le choix qu'on fait du silence, plutôt que de se relâcher enfin du respect humain pour parler d'intelligence à intelligence, plutôt que de de saisir la dernière occasion de s'entre-connaître, est une lâcheté facile à colorer de hautes excuses. Nous nous complaisons à estimer que nous évitons un déboutonnage peu compatible avec un lieu de respect. Nous avons peur que le moribond emporte dans son éternité des propos imparfaits, inachevés, regrettables, que nous ne pourrons jamais corriger - belle échappatoire qui trouve sa justification dans l'humilité. Nous craignons que l'instauration de la parole véridique nous oblige à écouter des choses que nous ne voulons pas entendre. Nous ne savons comment faire pour que les mots définitifs de l'un ou de l'autre ne prennent pas l'attristante tournure d'un arrêté comptable de regrets. Nous fuyons la rétrospection, parce qu'elle prend nécessairement des allures de récapitulation, ce qui fait effroyablement sentir qu'ayant tourné la dernière page nous sommes à la table des matières, avant que tout se referme. Le refus d'exploiter l'occasion offerte par une circonstance qu'on veut bafouer a parfois sa noblesse ; mais non pas ici, car ce qu'on élude n'aura pas d'autre rencontre, et tire sa valeur de ce qu'il rachète un arriéré de fidélité ou de loyauté. Enfin, avouons-le, ô honte!, nous savons que nous allons être promptement dégagés de ces épines.

Je sortis de la chambre pour quitter l'hôpital, sans chercher à revoir l'infirmière qui m'avait invité à monter reprendre le vase. Je ne l'ai pas croisée, ni aucun des membres du personnel avec lesquels j'avais été en rapport. Quand il constateront que le vase est encore là, ils comprendront que je le leur abandonne.

En passant sous le porche qui, au bout de l'allée principale de l'hôpital, donnait dans la rue, je mis la main dans une poche de mon pantalon pour saisir les clefs de mon auto. Des pétales froissés et déchiquetés étaient amalgamés au trousseau. J'agitai les clefs, je secouai ma poche retournée, jusqu'à ce que le dernier lambeau de pétale fût sur le trottoir. Puis, tout en portant la main devant le nez afin de flairer ce qu'il restait de parfum sur mes doigts, je me suis demandé où diable j'avais garé ma voiture. Je ne savais plus où j'avais laissé ma voiture. J'avais une Traction-Avant. Une Quinze. Une des premières Quinze-Six : en guise de clignotants, en haut entre les portières, des flèches articulées ; à l'arrière, un capot de malle moulant la roue de secours, et, sur le garde-boue de gauche, une plaque minéralogique brisée en angle rentrant. Je l'avais stationnée à cheval sur un trottoir, cela, oui, il m'en souvenait, mais non pas dans quelle rue, ni du trajet que j'avais fait à pied après l'avoir quittée. J'ai commencé à visiter méthodiquement les rues qui bordaient l'hôpital, puis celles qui y aboutissaient, enfin toutes les rues avoisinantes, prenant soin de ne pas en laisser d'imparcourues entre l'hôpital et moi. Je tombai inopinément sur mon auto, à un carrefour que je ne me rappelais pas autrement ; pourtant, sitôt que j'y fus et que j'y eus découvert ma Traction, l'endroit me redevint connu d'auparavant, avec son café du coin, sa placette garnie de quelques bancs et son kiosque à journaux. Je n'ai pas compris comment le souvenir avait pu s'en dérober. J'avais bien mis trois quarts d'heure à retrouver ma voiture.


 
 
8 Déc. 2011 18h40
Membre Premium
Sardina
70 ans, Montréal
à la retraite : - )
10 quizz   31 sujets

Inscrit il y a 15 ans
2105 msgs
   Parici,
J'ai lu le texte écrit plus haut. Tu écris bien. Je n'ai pas compris où tu voulais en venir par tes longues descriptions du vase, du bouquet, de l'hôpital, etc.
Cependant, j'ai beaucoup aimé ton texte à partir de «La chambre d'un mourant n'est sonore que des conversations insignifiantes...» J'ai été touchée par la description du regret du narrateur de n'avoir pas pu communiquer avec son père qui était alors sur son lit de mort.
J'ai trouvé qu'à partir de ce moment-là ton texte devenait plus vivant. La recherche de la voiture du narrateur, les rues, le café.

M'ont agacés quelque peu dans ton texte :
- ta première phrase (c'est curieux, j'ai pensé aux exercices de style de Queneau!);
- certaines expressions comme «il m'en souvenait» (un peu passéiste?), «l'intersection du faux meneau et des deux croisillons» (pourquoi tant de détails?);
- des mots comme «imparcourues», etc.;
- l'emploi du passé simple au dernier paragraphe.

Je garde le lien que tu as mis pour le lire plus tard. J'espère qu'il s'agit de tes textes!

Merci de nous avoir fait partager ta passion pour l'écriture!
Sardina

 
 
17 Déc. 2011 22h58
Parici
67 ans,
   

Inscrit il y a 13 ans
2 msgs
   Bonjour,

Votre critique est constructive, donc elle mérite une réponse.

J'ai toujours aimé la description littéraire. Contrairement aux théories qui ont faveur à notre époque de gens pressés, je n'aime pas jeter le lecteur in medias res. Je veux d'abord construire le décor, créer une ambiance, un monde d'impressions.
Dois-je comprendre que vous ne goûtez guère l'enfance de Chateaubriand à Combourg dans les Mémoires d'outre-tombe, ou la longue description des comices agricoles dans Madame bovary ?

S'agissant des points de détail que vous soulevez :
- J'avoue avoir préféré "il m'en souvenait" à "Je m'en souvenait" à cause de la condamnation de cette dernière tournure par les grammairiens au 18e siècle
- On ne peut pas dire sans autre précision qu'une fenêtre, qui a pour fonction de donner de la lumière, fait de l'ombre ; cela semberait du paradoxisme artificiel. Il faut donc nécessairement dire ce qui, dans la fenêtre, fait de l'ombre, d'autant plus qu'ici il faut justifier la forme de l'ombre.
- Pourquoi refuser l'adjectif "imparcouru" ?
https://francois.gannaz.free.fr/Littre/xmlittr e.php?requete=imparcouru&submit=Rechercher
- Je suis en peine de répondre sur l'emploi du passé simple au dernier paragrahe, il me faudrait savoir de quel verbe il s'agit et ce qui vous a heurté.

À propos de la langue, je vous invite à lire ce que j'ai répondu à M. Aloysius Chabossot qui m'avait prié de dire quelques mots sur son blog. En tenant compte, bien entendu, de ce que cette réponse est un peu provocatrice, et, je l'espère, non dénuée d'une pointe d'humour.
https://comment-ecrire-un-roman.over-blog.com/…

Cordialement,


 
 
20 Déc. 2011 16h59
Membre Premium
Sardina
70 ans, Montréal
à la retraite : - )
10 quizz   31 sujets

Inscrit il y a 15 ans
2105 msgs
   Bonjour,

Je vous remercie d’avoir répondu à ma critique. Je n’ai pas lu Chateaubriand… Lorsque vous parlez de description littéraire, je pense à cet excellent court métrage «Insomnie» dont le personnage, joué par Pierre Étaix, lit une histoire de vampire pour s’endormir. On le voit tourner vivement quelques pages à la fois parce que justement il veut entrer dans le vif du sujet.

Je ne me souviens pas avoir été heurté dans ma lecture de Madame Bovary, j’ai peut-être fait comme Pierre Étaix dans Insomnie. Pour ma part, je préfère les descriptions «intérieures» du genre de Zweig, Schnitzler, Simenon (même les Maigret), Perutz.

Si vous avez utilisé «il m’en souvenait» grâce aux grammairiens du 18e siècle, j’ose croire que vous n’êtes sans doute pas en accord avec la nouvelle orthographe proposée au 21e siècle... (mais ça, c'est un autre sujet).

Quand à «imparcouru», il semble bien que seul Littré l’accepte ; il ne figure même pas dans Dicoplus, (https://www.funmeninges.com/dicoplus-chercher-mot.html) le dictionnaire du Scrabble qui, pourtant, est permissif à souhait, voire même à outrance.

Je suis d’accord avec vous sur la fenêtre, vous avez voulu expliquer comment une ombre de croix peut se projeter sur le père du narrateur ; probablement mon manque de vocabulaire joue en ma défaveur.

Je suis allée sur le site https://www.authonomy.com/books/31766/apostrop he-aux-contemporains-de-ma-mort… Ce que j’y ai lu m’a plu (j’ai beaucoup de difficulté à lire beaucoup de texte directement à l’écran. Je suis de ces gens qui préfèrent le bon vieux support papier). Tout compte fait, les descriptions m’ennuient un peu, même lorsqu’elles sont bien écrites.

Quand à l’emploi du passé simple, comment vous expliquer, moi qui adore les auteurs mentionnés plus haut ?

Connaissez-vous ce site ? https://www.accents-poetiques.com/

Cordialement,
Sardina



 
 
27 Juin 2015 20h36
Jeniphael
20 ans, Tokyo
22 quizz   10 sujets

Inscrit il y a 9 ans
457 msgs
   Un poème:
Hadrian D'Argent
Ô oui il est bien vivant,
Cet Hadrian d'Argent,
Ce héros d'un autre temps,
Un temps bien révolu,
Ne sais ou mettre la tête depuis qu'il est revenu
Bon roi et commandant,
Il est un ami taquinant,
Qui ne se fait pas tannant,
Il n'est jamais arrogant,
Hadrian d'Argent

 
 
27 Juin 2015 23h44
Membre Premium
Sardina
70 ans, Montréal
à la retraite : - )
10 quizz   31 sujets

Inscrit il y a 15 ans
2105 msgs
   C'est de Luc Plamondon?

 
 
10 Oct. 2015 23h31
Membre Premium
Lolitalaura
23 ans, Dans ma bulle
Carpe diem !
36 quizz   219 sujets

Inscrit il y a 11 ans
12503 msgs
   Je n'écris pas extraordinairement bien (je fais même beaucoup de fautes d'orthographes), cependant, j'aimerais vraiment avoir votre avis sur cette rédaction, car j'en suis particulièrement fière, et je pensais que peut-être, je pourrais l'étoffer pour qu'elle devienne une nouvelle :


Cette histoire commença à Paris, un soir de décembre, dans l'école la plus réputée de la capitale. Dans cet établissement, il y avais un enfant, qui ne prêtait, comme à son habitude, aucune attention aux moqueries de ses camarades. En effet, il réfléchissait au métier qu'il lui serait possible d'exercer plus tard. Étant bon élève, il savait qu'il pouvait se permettre de devenir professeur, mais cela ne l'attirait pas vraiment.
En sortant du collège, le jeune garçon croisé un homme. Ce personnage lui parut magnifique. Il était brun, avec des cheveux bouclés assez courts, mais qui avaient tendance à tomber devant ses yeux bleus. Eux-mêmes ressemblaient à un ciel profond d'une belle journée d'été. Ses traits auraient pu être comparés à ceux d'une fille, tant ils étaient fins. D'ordinaire, cela pouvais paraître franchement bizarre. Mais sur lui, curieusement, cela lui donnait une aura mystérieuse, mais pas menaçante, au contraire ! Il n'en était que plus attirant.
Alors seulement, Mathieu remarqua l'étrange sac dune forme si particulière, qui ballotait doucement contre l'épaule de son propriétaire. L'intrigue le poussa à parler au passant :
"Heu...Monsieur, dites...Il y a quoi dans votre sac ? ? interrogea-t-il.
-Eh bien... C'est une guitare ! déclara-t-il, les yeux pétillants. Comment t'appelles-tu, au fait ? Ah, et moi je m'appelle Louis.
-Moi...Moi c'est, heu...Ma...Mathieu, annonça-t-il timidement, et j'adore la musique, surtout la guitare...
-Voudrais-tu apprendre ? questionna Louis.
-Oh oui ! J'adorerais ! s’enthousiasma Mathieu.
-Viens demain à cette adresse", dit le jeune guitariste en lui tendant une feuille écrite de sa main légère.
Le lendemain, Mathieu était encore moins réceptif aux méchancetés des autres collégiens, et lui qui était d'habitude si brillant et attentif en cours, rêva toute la journée et se fit même reprendre plusieurs fois ! Après les cours, il se prit à rire tandis qu'il de dirigeait en courant vers l'adresse indiquée par par le musicien. Quand il arriva enfin, essoufflé, il sonna et frissonna d’excitation. Louis vint lui ouvrir :
"Entre, je t"en pris !"
Quand il eut franchit le seuil de la porte, Mathieu resta bouche-bée : devant lui s'étendait le plus extraordinaire des studios ! Et Louis lui tendit un objet plus magnifique encore : une guitare noir de geais, avec des cordes argentées parfaitement accordées et une lanière blanche un peu usée. À ce moment précis, un lien fort se créa entre les deux individus. Ils étaient à présent rattachés par le plus beau lien qui puisse exister : le lien de l'amitié.
Ensuite, Louis s'engagea à devenir le professeur de Mathieu, et dès la première note de son élève, il sut qu'il avait fait le bon choix, et qu'il ne le regretterait pas. Il fut convenu que, pendant une heure et demie tous les soirs à la sortie du collège, Louis enseignerait la guitare à Mathieu.
Et puis, un jour, Louis l'arrêta en pleine partition :
"Mathieu, il faut que je te parle..."
Alors, il se mit à lui raconter l'histoire de son groupe, leur début, la joie de jouer ensemble. Puis se fut le moment de confier la partie la plus désagréable, celle qui l'avait fait tant pleurer. Il relata leurs disputes, puis leur séparation. Il conclut :
"Ce jour où tu m'as abordé en pleine rue, j'avais senti que tu étais talentueux. Mais pas à ce point là ! Aussi vais-je te demander une chose. Voudrais-tu bien faire revivre mon groupe ? Voudrais-tu m'accompagner à ma représentation à Paris, où nous jouerons sur les textes de mon ancien groupe ? Accepterais-tu ?
-Bien sûr !" assura Mathieu, ému par cette histoire et par la demande de son professeur.
Au concert, Mathieu fut pris sous l'aile d'une grande maison de disque, et il devint riche et célèbre. Il était heureux de pouvoir écrire ses propres morceaux, et il y travaillait avec beaucoup d'assiduité. Cependant, il savait rester simple et il n'oublia jamais je jour où Louis lui avait confié la séparation de son groupe, qu'il avait adoré. Aussi continua-t-il ce qu'avait commencé son professeur et ami : il fit en sorte que les gens se souviennent de ce superbe nommé "Téléphone" ( )

*Toute ressemblance des personnages avec des personnes réelles ne serait pas fortuite... Il s'agit du choix personnel de l'auteure *

 
 
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