Ci-dessus : Tireur de pousse-pousse à Shangaï, il y a cent ans. Des conditions d'un salariat précaire proche du servage ... (ou l'inverse !)
À propos d'une grève nationale inédite des coursiers-livreurs "indépendants", motivés par une nouvelle tarification de leurs services déjà largement précarisée.
"Vroum, vroum... tut-tuuut !", voici une nuisance sonore urbaine qui aura eu des chances de se tarir quelque peu ce week-end. Pour le plus grand bonheur de certains, certes... mais au grand dam des stakhanovistes de la roulette à pizzas, adeptes du sushi expéditif ou autres nababs du kebab livrés en moins d'1/2 heure.
On se doutait déjà que tout est loin d'être rose au pays du Cady*, mais disons le sans ambage : les plates-formes de livraisons de repas à domicile ont connu ses dernières années une expansion sans pareille - jouant d'opportunisme avec les confinements divers autant que sur la législation du travail.
Résultat : un nouveau sous-prolétariat s'est développé de manière exponentielle, embringuant dans le maelström de la circulation des hypers centres-villes des dizaines de milliers de jeunes gens sous-diplômés souvent, parfois aussi sans papiers.
La profession - dans les mêmes proportions peut-être que dans le BTP - est connue pour faire appel sans vergogne à une main-d'oeuvre immigrée et qui plus est clandestine. Les nombreuses revendications pour leur régularisation avaient déjà fait quelques échos dans divers médias.
Mais ce qui fâche aujourd'hui, ce sont les salaires : Uber et consorts ont inventé un nouvel algorithme permettant une prétendue "revalorisation du temps passé en course"... qui ne déclencherait en réalité qu'une baisse de revenus de 5 % à... 40 % selon les cas.
D'où cette grève élargie à l'échelle nationale et suivie dans une vingtaine de villes sur tout le territoire (Bordeaux, Lyon, Paris, etc.)
Chaude ambiance donc, alors que d'aucuns vont sûrement manger froid, renouer avec les conserves en boîtes... ou bien simplement jeûner en paix !
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* Ancien modèle de 2 roues de chez Motobécane (1965-1976)
NB : L’assonance du titre avec l’hymne d’un pays germanique et frontalier ("Deutschland über alles") ne peut être que fortuite, bien entendu...