Des millénaires durant il fut respecté, admiré et vénéré. Et de la Mésopotamie à l'Égypte ancienne, du néolithique jusqu'à nos jours, il conserve encore, au Panthéon des animaux, une très forte symbolique. Mais, selon les cieux, pas toujours pour le mieux...
Pour le koala, le panda, l'agneau et même la panthère noire, en terme d’image du moins rassurons-nous, tout va bien : l'homme les trouve "mi-mi", grand bien leur fasse, alors même qu'ils n'auraient aucun mérite particulier à cela. Mais dès lors que nous parlons hyène, serpent, crocodile ou vautour, là, c'est une autre paire de groins : l'animal n'est pas égal sur Terre, cette planète faisant office d'arche à la noix. Eh oui, Messieurs-dames : l'homme est raciste, même et voire en premier lieu avec les animaux !
Charognard : tu parles d'un métier, toi ! Et pourtant, cette activité jugée répugnante est de toute première importance dans la nature et ce pour l'homo sapiens lui-même : en tant que prédateur notable - le "number one", en toute modestie - celui-ci devrait savoir que le vautour comme tous ses congénères lui ôte une belle épingle du jeu en se chargeant de cette besogne dénigrée, écartant ainsi par ce travail fastidieux parasites, microbes, virus et... odeurs incommodantes.
Ainsi, devant le recul alarmant de la population mondiale des vautours, ce sont deux journées mondiales qui lui sont consacrées (les 2 et 3 septembre pour cette année).
D'ailleurs, pour en finir avec l'homme - ce gros hypocrite habitué à saigner tout ce qui bouge sur son chemin sans même faire toujours place nette derrière lui - l'homme, disais-je, en côtoie si ça se trouve bien plus souvent qu'il ne le pense, de ces si redoutables vautours : n'est-ce pas ainsi qu'on les nomme, eux, les "Messieurs de la Phynance*" ?
Mais après tout, peut-être que ceux-ci n'ont même pas mauvaise haleine, allez savoir...
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(NdlR : À propos du titre, notons qu'il n'y aurait guère plus de ces oiseaux près du Pô que sur les berges du Danube, du Tage ou de la Volga... N'en faisons point un potage !)
* Mot inventé par Alfred Jarry pour dénoncer l’avidité de son personnage, le Père Ubu, pour l'argent.