Ça y est, on a déjà dépassé les bornes : le 2 août - hier donc - marquait le jour du dépassement de la Terre. Mais l'Homme étant habitué à toujours aller au-delà des limites, quelles qu'elles soient, mieux vaudrait expliquer cela plus clairement, non ?
D'abord, évitons toute méprise : nous parlons bien ici de "dépassement" - et non de "déplacement" - n'en déplaise aux théoriciens de comptoirs complotistes et surnuméraires !
C'est à la fois simple et complexe : prenez une Terre et additionnez tout ce qu'elle est capable de produire en 1 an (agriculture, minerais, ressources halieutiques, etc.). Puis faites la même addition avec cette fois la totalité journalière de la consommation humaine sur la planète (y compris sa production de déchets, émissions de gaz divers, etc.).
Vous n'avez plus ensuite qu'à comparer ses deux chiffres pour vous rendre compte à quelle date l'Homme aura déjà consommé ce que la Terre est capable de lui "rapporter" : concernant cette année 2023, ce jour-là était hier, 2 août.
Il paraît néanmoins qu'il y aurait du mieux, car cette date s'est vue repoussée... d'une journée par rapport à 2022 ! Ce qui n'est, malgré toutes les mesures et mesurettes ainsi que des discours qui les accompagnent, que somme toute bien modeste. Cette année-là est donc bien moins encourageante que 2020 (la fameuse année Covid), où l’on avait pu reculer ce jour fatidique - pour cause de récession globale - de près d’un mois (22 août) par rapport à l’année précédente (2019 : 26 juillet)...
Comme le disait d’ailleurs avec une certaine dose d’ironie grinçante un scientifique* rompu à ces questions : "Pour que la situation s’améliore de manière substantielle pour la planète, il faudrait l’équivalent de 4 Covids chaque année et ce au moins pendant 10 ans !"
Il nous faudrait donc, actuellement, l’équivalent de 1,7 planète pour « absorber » toute cette consommation : à ce rythme-là, le chiffre de 2 planètes sera dépassé largement avant la 1re moitié du XXIe s.
Est-ce utile d’insister sur le fait que notre descendance se sente déjà parfaitement légitime pour nous désigner comme les acteurs responsables de cette situation ? Ce à quoi l’un des plus spécieux arguments serait de leur signaler qu’un sur deux d’entre eux fera un(e) centenaire : 20 % de durée de vie supplémentaire pour consommer !
Oui, mais pour consommer quoi, au juste ?
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* Propos de Jean-Claude Jancovici, ingénieur, enseignant et conférencier, spécialiste de la thématique "climat / énergie".