Depuis que l'Homme gratte du parchemin - ou quoi que ce soit d'autre - pour s'exprimer, il n'a guère cessé de se trouver en butte aux Pouvoirs et à ses inquisiteurs de la pensée ou de la morale.
Il ne crie pas ni n'écrit en vain, l'écrivain. La preuve en est qu'aujourd'hui comme hier, sous bien des latitudes, un certain nombre d'entre eux se retrouve à l'ombre. Et si "Le poète a toujours raison..." (scripsit Jean Ferrat*), adroite est la sentence et le vers joli : ce dernier n'a hélas pas toujours rimé avec "horizon"... mais bien moins que rarement avec un horizon bouché, celui de la prison.
Hier au Chili, Afrique du Sud ou Espagne, aujourd’hui au Belarus, Chine ou Iran, les pouvoirs prétendus « forts » ont toujours eu cette faiblesse particulière d’emprisonner leurs écrivains à têtes trop pensantes… Avant-hier encore, ce fut aussi pistole courante en notre Royaume de France : un pamphlet ? Et hop, lettre de cachet, cachot ! Et disons-nous bien que si MM. Voltaire et Hugo n’ont pas connu la prison, c’est bien uniquement parce qu’ils choisirent l’exil...
Existent aussi ces cas hors-normes où la geôle elle-même fabriqua ses poètes : Villon** nous aurait-il sans cela légué sa « Ballade des Pendus » ? Lirait-on ces témoignages littéraires si l’on avait laissé des "Soljénitsine", des "Lacenaire" ou des "Genet" en paix*** ?
Depuis 1981, le 15 novembre se consacre à alerter et soutenir tous les écrivains persécutés de par le monde : souhaitons qu'un tel jour puisse enfin disparaître, sans quoi il ne saurait être que coup de plume dans l'eau, lettre morte ou écrit vain.
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* De la chanson « La femme est l’avenir de l’homme », d’après Aragon.
** Lequel n’était peut-être pas totalement innocent de son état…
*** Désolé pour Stéphane Eicher...