
Ce dimanche 16 mars 2025, l’actrice belge Émilie Dequenne est décédée d’un cancer très rare, à seulement 43 ans. Elle laisse derrière elle son mari, sa fille, une leçon de vie et une belle carrière.
Émilie Dequenne est née le 29 août 1981 à Belœil, en Belgique, et a une sœur cadette.
Très tôt, elle se passionne pour le théâtre et commence à prendre des cours à partir de 8 ans. Toutefois, elle ne mise pas encore pleinement sur une carrière de comédienne puisque, après avoir obtenu son bac, elle se lance dans des études de sciences politiques. Néanmoins, elle passe quand même des castings et décroche son premier rôle à 17 ans. Sa carrière est alors en route et Dequenne devient une actrice incontournable.
En effet, son premier rôle est celui de Rosetta, une jeune femme vivant dans la pauvreté mais déterminée à en sortir, dans le film dramatique acclamé du même nom des frères Dardenne. Sa formidable prestation lui permet de décrocher le prix d’interprétation féminine au festival de Cannes et sa première nomination aux César.
Ensuite, les années 2000 lui permettent d’alterner les genres et les rôles. Nous la retrouvons donc à l’affiche de comédies (dont "Oui, mais" et "La Vie d’artiste"), de drames (dont "La Ravisseuse" et "Le Grand Meaulnes") et de films policiers (dont "Écoute le temps"). Mais elle marque également dans le cultissime film d’aventure "Le Pacte des loups" (de Christophe Gans, en 2001) et la célèbre comédie dramatique "Une femme de ménage" (de Claude Berri, en 2002).
Au cours des années 2010, sa carrière se poursuit sans encombre et elle continue à mettre son grand talent et son charisme au service de films différents, tels que "La Meute" (film d’horreur de Franck Richard, en 2010), "La Traversée" (thriller de Jérôme Cornuau, en 2012) et "Pas son genre" (comédie romantique de Lucas Belvaux, en 2014).
Sa palette s’étend d’ailleurs encore davantage lors de cette décennie, car elle oscille avec facilité entre les personnages touchants, sympathiques, perturbés ou inquiétants. Cela est attesté par plusieurs films, dont "Möbius" (d’Eric Rochant, en 2013), "Chez nous" (de Lucas Belvaux, en 2017), "Les Hommes du feu" (de Pierre Jolivet, en 2017) et "Au revoir là-haut" (d’Albert Dupontel, en 2017).
Lorsque débutent les années 2020, la carrière d’Émilie Dequenne se porte très bien et son talent n’est plus à prouver. Elle est d’ailleurs récompensée en 2021 du César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation d'une femme trompée par son mari dans "Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait" (d’Emmanuel Mouret).
Parallèlement à sa riche carrière au cinéma (environ 35 films), où elle alterne entre premiers et seconds rôles parfaitement campés, qui lui permet de travailler avec les plus grands (Catherine Corsini, Jean-Pierre Bacri, Sandrine Bonnaire, Robert De Niro, Catherine Deneuve, Omar Sharif, Yolande Moreau, Tim Roth, Léa Drucker, John Malkovich,...), Dequenne est occasionnellement présente dans des séries (comme "Kaamelott", "À l’intérieur" et "Capitaine Marleau") et des téléfilms (parmi lesquels "Miroir, mon beau miroir", "Mystère au Moulin-Rouge" et "Une vie après").
Concernant le théâtre, sa première vocation, elle n’y joue que très rarement.
Il faut relever son goût pour les rôles inspirés de personnes réelles. En effet, nous l’avons notamment vu être une révolutionnaire (dans le téléfilm "Charlotte Corday" d'Henri Helman, en 2008), une fausse victime d’agression (dans le film "La Fille du RER" d’André Téchiné, en 2009), une mère infanticide (dans le film "À perdre la raison" de Joachim Lafosse, en 2012), une célèbre animatrice traumatisée (dans le téléfilm "La Consolation" de Magaly Richard-Serrano, en 2017), la belle-fille du politicien Léon Blum (dans le film "Je ne rêve que de vous" de Laurent Heynemann, en 2020) et la mère de la footballeuse Marinette Pichon (dans le film "Marinette" de Virginie Verrier, en 2023).
Après nous avoir une énième fois rappelé son aisance dans des rôles dramatiques, notamment à travers une mère face au suicide de son fils dans "Close" (de Lukas Dhont, en 2022), ainsi que dans des rôles plus légers, avec par exemple celui d’une cuisinière dans "Complètement cramé" (de Gilles Legardinier, en 2023), Dequenne nous informe le 21 octobre 2023 qu’elle est atteinte d’un cancer très rare, qui touche les glandes surrénales. Il s’agit du corticosurrénalome.
À partir de ce moment, Dequenne perd des projets et s’engage dans la lutte contre le cancer. Pour ce faire, elle n’hésite pas à se montrer avec la tête rasée, elle qui est habituée à différentes coupes et couleurs de cheveux.
Toutefois, malgré son combat contre la maladie, elle parvient encore à tourner. Son dernier film, où elle est encore absolument géniale, est sorti le 19 juin 2024 et il s'agit d’un film d'action et de science-fiction : "Survivre" (de Frédéric Jardin).
Malheureusement, après avoir espéré s’en sortir à la suite d’une rémission complète annoncée le 4 avril 2024, Émilie Dequenne fait une rechute en décembre et se retrouve dans l’impossibilité de travailler. Néanmoins, elle continue à se battre pour faire du cancer un sujet non-tabou et semble garder l’espoir malgré sa conscience qu’elle "ne vivra pas aussi longtemps que prévu".
C’est donc avec une grande tristesse et un réel étonnement que nous avons appris le décès de cette grande actrice à l'âge de 43 ans, le 16 mars 2025. À la suite de cette annonce, plusieurs dizaines d’hommages lui sont rendus. Nous pouvons, par exemple, citer Jean Dujardin, Rachida Dati, Alex Lutz, Alexandra Lamy, Tahar Rahim, Leïla Bekhti, Nagui et Sandrine Kiberlain.
Pour terminer cet article, et avant de laisser la place au quiz, je donne la parole à la formidable Émilie Dequenne : "Pourquoi moi, alors que je fais bien mon travail" (Dequenne en Rosetta dans "Rosetta" des frères Dardenne en 1999).