Niels Arestrup, figure incontournable du théâtre, du cinéma et de la télévision, est décédé ce 1er décembre 2024. Son charisme et son talent ont toujours été salués par tous mais sa personnalité n'a pas fait l'unanimité. Plusieurs de ses collègues ont parlé d'un homme distant et timide et certains ont même dit qu'il était violent.
Niels Arestrup est né en France, dans la commune de Montreuil-sous-Bois, le 8 février 1949. Son père est danois (chef d'atelier) et sa mère est française (ouvrière).
Sans son bac, à la fin des années 1960, Arestrup effectue quelques petits boulots et prend des cours de théâtre avec Tania Balachova. C'est à ce moment là que sa carrière débute.
En 1973, après ses premiers pas sur scène, Niels Arestrup intègre le casting du petit film "Miss O'Gynie et les hommes fleurs", où il joue un rôle important.
Dans les années 70, Arestrup tourne pour des réalisateurs prestigieux (comme Resnais, Moreau et Lelouch) et aux côtés d'acteurs réputés (comme Belmondo, Deneuve et Marielle) mais souvent dans des seconds ou troisièmes rôles. En parallèle, il apparaît dans quelques téléfilms et, au théâtre, se montre à l'aise dans tous les registres (dont Dostoïevski et Tchekhov).
Sa carrière décolle vraiment dans les années 80 où il acquiert une notoriété au théâtre, où il tourne dans des séries et téléfilms à succès, et où il se fait un petit nom au cinéma en tenant quelques premiers rôles (comme dans "Signée Charlotte" et "Le Futur est femme") et en continuant à interpréter des seconds rôles dans des films variés.
Dans les années 1990, Arestrup ne tourne presque plus, bien qu'il continue le théâtre, car il monte une école d'art dramatique (qui deviendra réputée). Mais, dès les années 2000, il est de retour sur les écrans et sa carrière prend un nouvel élan.
En effet, même s'il reste principalement cantonné à des seconds rôles, son charisme hors norme s'impose encore plus qu'avant et, grâce à ses collaborations marquantes avec le réalisateur Jacques Audiard, il remporte deux César du meilleur acteur dans un second rôle.
Il poursuit sur cette lancée dans les années 2010, en apportant son charisme imposant et son immense talent d'acteur à des films de genres différents et souvent de qualité. C'est aussi durant cette décennie que sa carrière à la télévision atteint son apogée, grâce à la série "Baron noir". En plus, en 2014, il gagne son troisième César du meilleur acteur dans un second rôle grâce à un rôle à "contre-emploi" dans une comédie de Bertrand Tavernier.
Niels Arestrup a souvent été cantonné aux seconds rôles de méchants ou de personnages très ambigus (comme dans "La Femme flic", "La Rumba", "De battre mon cœur s'est arrêté", "Diplomatie" et "Au revoir là-haut"). Mais, également à plusieurs reprises, il a quand même montré qu'il était tout aussi à l'aise dans des rôles comiques ou d'hommes sensibles (comme dans "Parlez-moi d'amour", "L'Homme qui voulait vivre sa vie" et "Papa lumière").
Une autre preuve de son talent est sa carrière internationale. Par exemples, il a donné la réplique à Willem Dafoe et à Glenn Close et il a tourné pour Steven Spielberg et Angelina Jolie.
Dans les années 2020, Arestrup nous a encore rappelé quel incroyable acteur il était lors de ses faces à face avec Patrick Bruel dans le film "Villa Caprice" et avec Nicolas Duvauchelle dans la série "Les Papillons noirs".
Concernant le théâtre, après plusieurs nominations, il obtient son premier et unique Molière du meilleur comédien en 2020 pour "Rouge". C'est la consécration suprême pour ce comédien qui a toujours dit préférer le théâtre au cinéma.
Il faut préciser que, en plus d'être un acteur magistral avec une filmographie qui doit faire des envieux, Arestrup a également réalisé un film ("Le Candidat") et écrit une pièce de théâtre ("Le Temps des cerises").
La dernière fois que nous avons vu Niels Arestrup, c'est dans un second rôle dans le film "Divertimento" en 2023. C'est son dernier film car sa femme, avec qui il a eu deux enfants, a annoncé son décès le dimanche 1er décembre 2024. Il est mort des suites d'une longue maladie à 75 ans.
Depuis, de nombreux hommages ont été présentés. On peut notamment citer André Dussollier, Rachida Dati, Jean-Michel Ribes et Émilie Dequenne. Toutefois, certains lui ont rendu un hommage plus contrasté. En effet, même si elle a concédé qu'il était un acteur formidable, Isabelle Adjani a pointé du doigt le fait que c'était un homme pouvant être violent.
Même s'il était un acteur extrêmement talentueux et charismatique, Arestrup a été accusé de violence (comme des gifles) par Miou-Miou, Maria Schneider, Isabelle Adjani et Myriam Boyer. Bien qu'il a toujours nié, certains de ses proches et lui-même ont reconnu qu'il pouvait, dans les années 70, 80 et 90, avoir un comportement colérique.
Pour terminer cet article et avant de commencer le quiz, je laisse la parole à l'inoubliable Arestrup : "Si tu bouffes, c’est à cause de moi, si tu rêves, si tu penses, si tu vis c’est à cause de moi" (Niels Arestrup en César Luciani dans "Un prophète" de Jacques Audiard en 2009).