La troupe au complet, au Palais des Sports de Paris, porte de Versailles (1973)
Il fallut beaucoup d'audace ("...encore de l'audace") et toujours des godasses (afin de démarcher interprètes et musiciens !) pour oser s'attaquer ainsi à un tel monument de l'Histoire hexagonale... Que dis-je, un monument : "La Révolution française", c'est un roc(k), Monsieur !
Certes, le sillon avait bien été un tant soit peu tracé quelques années auparavant (1969, année du rock-tique...) par un spectacle du même genre, transposition d'un opus* tout droit venu des "States", particulièrement remuant, voire dénudé ! Succès assuré, donc ? Peut-être...
Il s'agissait ainsi de bien surfer sur la "Vogue"**, mais sans se tromper, car on naviguait alors sur un océan nouveau et inconnu : l'opéra-rock français, 1er du nom, allait-il se prendre la vague, la déferlante ou bien faire tout bonnement un vrai coup de tabac ? Parce qu'avec une telle entreprise, il y avait vraiment de quoi se retrouver... sans-culotte !
Surtout qu'au départ, il n’était question que de réaliser un bête disque 33 tours microsillon d’environ 25 minutes par face, grand maximum... Mais devant l'ampleur du sujet et la verve de l'auteur, le projet initial devint un copieux double-album d'une heure et demie et ainsi - encore une fois - vogua la galère.
Contre peu d'attentes et très rapidement, le disque se fit d'or : du coup, on décida d'en faire une mise en scène illico, en recrutant tous les artistes de la sus-dite maison de disque pour faire le nombre. Sans sponsor, sans étude de marché ni attaché de presse ou manager : juste un auteur, un compositeur, un arrangeur et des chanteurs !
Pour quelques uns d'entre eux - tous jeunes talents - ce fut le début ou la concrétisation d'une carrière, la reconnaissance d'un nom... ainsi que le coup d'envoi d'un nouveau genre qui allait faire florès en France, avec plus ou moins de bonheur ou de bon goût artistique : aujourd'hui encore et qu'on le souhaite ou non, l'opéra-rock franco-historique a son public.
Quelques années plus tard, d'autres reprendront leur bâton de Berger et feront du genre un plat mondain*** - de ceux dont on parle le dimanche sur des canapés rouges, par exemple - mais avec, ô ! combien, d'autres moyens.
Mais rendons à ces arts ce qui est assez rare : c'est tout de même bien "La Révolution..." qui a fait la Révolution !
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* Une histoire de hippies un peu tirée par les cheveux : "Hair" !
** La maison de disque au départ de toute l'affaire
***...ou Plamondon, si vous voyez qui je veux dire...