Plus encore que les brins de muguet, bien du monde se partage les origines du "1er Mai". Mais en tant que "Fête des Travailleurs", ce jour est désormais reconnu presque universellement, à quelques exceptions près.
Avant même que le mot de "mai" n'existe, ce moment de l'année entre la vraie fin de l'hiver et les débuts sensibles du printemps avait donné libre court à bien des festivités et des réjouissances. Maïa la Belle en fut, chez les Grecs, déjà l'inspiratrice. Mai, en lui-même, eut bien cent poètes, ces Ronsard, ces Marot, Verhaeren et Hugo...
"Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?" *
Quant au 1er du mois, lui ne se forgea guère aux sons de vers alanguis ou de tintements de clochettes... mais de coups de boutoir comme de ceux de fusils : il restera l'écho - pour qui veut bien entendre - de luttes parfois obscures pour le commun des bourgeois, mais gardera bien du sens pour le monde du travail.
Un jour pas comme les autres, à l’évidence, puisqu'il peut être à la fois chômé et rémunéré. De quoi donner des envies de défiler : fourmis dans les jambes, donc, pour les uns et, pour d'autres encore, Fourmies** dans les souvenirs.
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* Guillaume Apollinaire, "Mai" (1913).
** Le 1 mai 1891, Fourmies (Nord) était témoin d’un drame où des manifestants, revendiquant la réduction du temps de travail, se font tirer dessus par les policiers. Bilan : 9 morts, dont 2 enfants et 35 blessés.