Il n'est pas encore prêt à prendre son Calment*, le plus vieux tournoi du Monde sur terre battue. Mais peu s'en faudra ! Alors que sort très opportunément un livre** sur ses coups lisses, prenons la balle jaune au rebond...
Ce fameux tournoi aura connu les extases de Nastase, les coups de canon de Connors, le vent divin de Noah, les agacements d'Agassi… ainsi qu’un drôle de phénomène qui n'aura quasiment rien laissé aux autres - mais vraiment rien, Nada(l) ! - pendant 17 ans.
Si le tennis - soyons fair-play, pour une fois !- a indubitablement son indétrônable et très aristocratique « Mecque-plus-ultra » à Wimbledon, le tournoi de Roland-Garros à côté, c’est un peu notre « festival de canCannes » à nous, à un jet de balle des beaux quartiers parisiens. Car hormis le son si particulier de cette balle de caoutchouc recouvert de feutre, c’est bien le bruit des potins de couloirs qui finit par vous envahir de ses relents de vestiaires insolites – et pas toujours très « clean » - en nous éloignant de la geste sportive.
Mais il paraît justement que c’est en partie cela – le fait qu’il puisse attirer un aussi grand nombre de curieux n’ayant au départ que peu d’attirance particulière pour le (ou ce) sport – qui le rend si populaire.
Ajoutons le fait que les gents du cru ne se mettent que peu souvent en valeur, il faut le rappeler : c’est souvent trois petits tours et puis s’en vont ! Si comme dans les années 1920, les Français pouvaient lancer des « Cocoricos » à tout-va, tant les victoires s’accumulaient et semblaient tellement acquises, ces temps-là sont bien révolus… car nous nous approchons peu-à-peu des cinquante années sans victoire française chez les hommes !
Tirons-en alors deux constats plutôt flatteurs : d’abord que le public français semblent encore très attaché à son penchant franchement « poulidorien » pour les perdants magnifiques et que, de l’autre, ce tournoi étant tellement cosmopolite que l’on ne saurait taxer nos concitoyens d’un quelconque chauvinisme !
Rassurons-nous : même s’il n’est pas aussi flamboyant que ses « Mousquetaires » de jadis, les Français – qui ne sont pas aussi manche même sans raquette – aiment et colportent un tas de petites histoires, dont certaines ne sont pas à piquer des revers : là voici, la spécificité garrossienne !
Ainsi pouvons-nous arguer que, même sans pelouse, le must tennistique du mois de juin reste toujours aussi vert. For Evert*** !
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* Jeanne Calment fut, à 122 ans, la doyenne des Français.
**« 50 ans dans les coulisses du tennis mondial », par Danielle Bombardier (responsable "relations joueurs" à RG de 1973 à 1983), préfacé par Y. Noah. Sortie le 2 juin dernier, Ed. Le Cherche-Midi.
*** Chris Evert, l'une des plus grandes joueuses de l'histoire du tennis féminin, bien sûr !