Cette tradition aurait pour le moins l'avantage de donner à l'orthographe française une part de son importance : en effet, on ne saurait écrire n'importe comment "les Saints de glace" ! Mais creusons un peu le sillon...
Le poète n'a pas toujours raison
Qui ne voit pas plus loin que son crayon*
Ainsi le lit-on de Mai faire réclame
En tous sens, il s'agite, rimaille et déclame :
"Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme"
De la nature, il crie "Victoire !", le bon Victor :
"La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants..."
Et, tout Hugo qu’il soit, je vous dit qu’il a tort !
Même refrain chez Banville, le fameux Théodore,
Qui ne sera jamais, de sainteté, en odeur :
"Le mois du printemps parfumé
Qui, sous les branches,
Fait vibrer des sons inconnus,
Et couvre les seins demi-nus
De robes blanches."
Mieux valait, pour bien faire, vêtir ses plans de tulle
Et ce qu'il soit de Nice, de Toulouse ou de Tulle !
C’est qu’ils ont oublié, pour commencer, Mamert :
Cette sainte n'est pas là pour servir le dessert,
Suivie comme ombre du tout petit Gervais**
(Oui, c’est bien celui-là, commerçant dans le frais)
Puis le treize déboule - laissons-lui de la place -
Ce combattant épique, il pique***, le Pancrace,
Il est un peu givré tout autant que pugnace,
Et pourrait vous changer en bâtonnet de glace !
Mais chut… J’entends pour l’heure bourdonner sous les arbres :
Mai ne saurait longtemps laisser l’essaim de marbre...
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* Non pas que tous les poètes soient myopes, mais c'est pour taquiner MM. Aragon et Ferrat...
** ...ou plutôt Servais (Gervais est souvent cité par erreur !)
*** Parfois flanqué d’un dénommé Colégram !